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— LA PREMIÈRE RIDE. —

crainte que par vertu. Je paraissais donc redoutable aux femmes faibles et aimantes qui ne pouvaient lire dans mon cœur, qui ne pouvaient deviner que je cachais souvent, sous un sourire, une émotion puissante qui eût bouleversé ma vie et ma raison si j’y avais cédé.

Presque toutes les déclarations se ressemblent, presque toutes les séductions commencent et finissent de même ; toutes les galanteries dont une femme est l’objet ont la même marche, le même but. Je ne vous dirai donc rien, mesdames, de ce temps de ma vie où je voyais chaque jour à mes pieds un nouvel adorateur.

J’avais près de trente ans quand M. Derby fut atteint d’une maladie qui d’abord ne s’annonça pas d’une manière dangereuse, mais qui prit bientôt assez de gravité pour que j’oubliasse et ses torts, et la manière dont nous vivions ensemble depuis des années. Les femmes n’ont jamais de ran-