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— UN MARIAGE. —

prix à des louanges réservées pour elle seule. Mais des deux côtés l’art était égal, et M. de Celnarre ne tarda pas à s’en apercevoir. Il mettait, lui, en pratique un système qui lui avait valu quelques succès, malgré sa laideur, sa haute profession d’un égoïsme inaltérable et son affectation de reconnaître en lui le type de tous les caractères humains, distingués seulement, disait-il, par plus ou moins de franchise ou de démonstration de bienveillance. Toute femme recherchée par lui établissait une sorte d’empire de vanité sur les autres femmes. Madame de Golzan se complaisait orgueilleusement à recevoir les soins de M. de Celnarre : calculatrice presqu’aussi habile que lui, elle savait à propos ménager son amour-propre et le retenir dans les limites respectueuses où sa vanité se plaisait à le voir.

Quelques mots entendus au milieu de l’étourdissement d’un bal vinrent changer