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— LA PREMIÈRE RIDE. —

chasseurs, et se faisaient des émotions des plus petits événemens ; les émotions les faisaient vivre encore.

De ce nombre, ou plutôt distinguée parmi les plus remarquables, on pouvait citer madame Delmar : c’était bien chez elle qu’on pouvait dire que la grâce, mille fois plus attrayante que la beauté, exerçait son empire. Sa jeunesse était passée, et pourtant elle plaisait encore par son organe si jeune et si doux, par son regard pénétrant et spirituel ; et on aimait à détailler chacun de ses avantages précisément parce qu’elle semblait les oublier elle-même. Mariée pour la seconde fois à un homme plus qu’ordinaire, elle avait pourtant l’art de faire valoir sa médiocrité, et on aurait cru madame Delmar parfaitement heureuse avec lui, s’il eût été possible de se persuader qu’une personne aussi supérieure ne dût souffrir de sa supériorité, et surtout si un nuage de mélancolie n’eût pas été en quel-