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— UN MARIAGE. —

ler les larmes avant que le sourire soit achevé, lorsque l’épigramme maligne, à peine échappée des lèvres, excite un murmure d’admiration propre à encourager de nouvelles saillies. La raison est surtout inexorable devant les maux causés par les déceptions de la vanité.

Des fêtes brillantes avaient occupé les commencemens du mariage de M. et madame de Golzan. À quatre ans de là, c’était pitié de les voir parés encore de tout l’éclat de la jeunesse, tandis que leurs cœurs en avaient perdu les plus douces illusions. Ces deux victimes de leur mutuelle folie, à jamais liées ensemble, privées de la confiance l’un de l’autre, fuyant l’intimité, échangent encore aux yeux du monde des sourires, des mots aimables. Sont-ils seuls ? ils n’ont rien à se dire. Ils n’osent plus se questionner sur aucun sujet, craignant d’exciter le reproche dès qu’un reproche naîtra. Ils doivent tolérer des fantaisies qui