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— LE DERNIER RÊVE. —

réellement ? Car je croirai que c’est une apparition merveilleuse, envoyée pour m’éprouver, plutôt qu’une frivole et mensongère beauté de ce monde, à la pitié double et rieuse, qui dédaigne et serre la main.

Sachons enfin ce qu’elle est ! Je puis tout risquer aujourd’hui.

Je partis, et je fis un chemin très-long sans rien trouver, et le froid me prenait à mesure que j’avançais. Enfin je découvris le portique du temple, qui semblait s’éloigner devant moi. À grand’peine je l’atteignis. Mais il était fermé ; et comme je regardais si elle n’allait point descendre du ciel, je vis une blanche figure se lever à l’horizon. Mon cœur tressaillit de joie, et comme il se ranimait en la voyant s’avancer, elle se fixa tout-à-coup, blanche et froide statue, aux yeux sans regard, au sourire incrusté, aux lignes et aux contours parfaits sous les blanches draperies