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— LE DERNIER RÊVE. —

arbres, dans une prairie d’où l’on découvrait la mer et le ciel, et il me dit de l’y attendre chaque jour.

Il ne manqua jamais, et chaque jour il vint me donner de sublimes leçons. Tantôt il m’entretenait de la nature et des arts, de ce qu’ils ont de plus intime et de plus merveilleux ; tantôt, remontant tous les siècles, il refaisait l’histoire et lui rendait à la fois sa vérité et sa poésie. Il préparait l’histoire à venir par des institutions d’une pensée éminemment sociale et sans doute inspirée, qui devait régénérer le monde dont il avait surveillé, depuis le commencement, les crises douloureuses. Et dans ce vaste tableau je voyais la destinée individuelle des âmes, et la mienne comprenait peu à peu pour elle-même.

Toujours doux dans ses plus sévères enseignemens, dont il faisait adorer les rigueurs par le sentiment de la justice, il s’humanisait quelquefois jusqu’à l’enfance