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— LE LIVRE DES FEMMES. —

telles, en éblouissant leurs yeux, afin de n’être point vulgairement aimé, mais aimé de celle-là seule qui serait selon son cœur. Je m’étais demandé quelquefois s’il avait trouvé cette âme de son âme : cela n’est bien facile à personne.

Son âge ne semblait point l’aurore ni le déclin de la vie, mais l’immortalité. Je m’en souvins donc, car je ne l’avais jamais oublié, et me voyant prête à quitter d’ici-bas, je voulus du moins lui avoir dit adieu, et je l’appelai.

De brillans et légers fantômes passèrent devant moi, et marqués eux-mêmes pour la tombe, ils venaient m’y arracher, disaient-ils, et parlaient de vie et de bonheur. — Il y en avait dont je ne pouvais seulement supporter la vue et qui s’aperçurent bientôt qu’ils se trompaient. — D’autres avaient un plus vrai et plus touchant langage ; ils avaient des larmes, et leur cœur parlait au cœur : mais c’était