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— LE LIVRE DES FEMMES. —

beau où j’étais agenouillée, et que je sentais se soulever comme pour m’avertir qu’il était temps de descendre, je jetai un dernier regard vers la vie, et je souhaitai que ce dernier moment du moins me fût adouci.

Je voulais bien mourir, puisque rien n’était plus pour moi sur la terre ; mais, seule dans la vie, devais-je être seule aussi à la mort ! et n’y en a-t-il pas qui sont les amis des mourans, qui abandonnent les joies du monde pour accompagner ceux qu’elles abandonnent, et s’entretenir avec eux de leurs fins dernières et préparer leur âme défaillante ? Oh ! du moins, qu’en cet instant le ciel s’éclaircît ; qu’un rayon, tombant jusqu’à cette pierre, me marquât ma route ; qu’une voix se fit entendre pour me bénir et m’assurer de retrouver ceux que j’ai perdus, et peut-être donner à mon dernier moment de l’enchantement pour toute une vie ; car je voulais bien