Page:Collectif - Heures du soir 03.djvu/247

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
241
— QUAND MÊME !… —

Le mariage ne tarda pas long-temps. Deux jours après un curé de village bénit l’union de Théodore et de Lucie. Brigitte fut l’intendante de la fête, et je vous laisse à penser quelle gravité elle mit dans toute la cérémonie. Ce fut la première fois que les habitans du château virent leur jeune maitresse. C’était leur bienfaitrice, c’était la fille de leur ancien maître ; elle était aimée de loin, et leur amour prit une voix, et leurs acclamations éveillèrent de nouvelles sensations de plaisir dans le cœur de mademoiselle de Rosemberg.

Théodore était heureux ; il donna ce jour là une dernière pensée au passé ; il se rappela avec émotion ce vœu d’une femme qu’il n’avait pas assez aimée :

« Je souhaite, avait-elle dit, que celle que vous aimerez vous aime autant que je vous aimais. »

Et ce vœu était accompli. Il aimait, il