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— LE LIVRE DES FEMMES. —

Celnarre à madame de Golzan, ce que mes amis se plaisent à répéter : ils disent que, décidé à me marier, moi, dont la laideur est devenue proverbiale, je prétends, d’ici à un an, épouser la plus jolie femme que je rencontrerai ; je n’ai pas mis son consentement en doute. Ma fortune, les recherches inconnues jusqu’ici, dont je projette de l’entourer, sont cependant mes seules chances de succès. D’avance, je renonce à plaire. Ma modestie a, dit-on, ajouté que je saurais défendre contre toute atteinte la femme qui portera mon nom, sans qu’il fût nécessaire à mon repos qu’elle m’aimât.

— M. de Celnarre ne fera jamais un mariage de roman, dit madame de Golzan à sa tante.

— Le ciel m’en préserve ! Je veux apporter tout le sang-froid et le calcul imaginables dans cet acte ; je veux réaliser un système créé depuis long-temps dans mon esprit… »