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— LE LIVRE DES FEMMES. —

hésitation et une émotion qu’elle cachait mal ; elle marchait plus vite qu’à l’ordinaire, ce qui n’était pas un moindre signe de dérangement dans ses idées. Brigitte venait d’apprendre que Théodore avait donné l’ordre de seller son cheval, ordre qu’il avait donné et retiré dix fois depuis deux jours ; mais c’était la première fois qu’elle l’apprenait. « Monsieur, lui dit-elle avec un léger tremblement dans la voix, vous nous quittez donc ? — Hélas ! oui, bonne Brigitte. — Est-ce que vous n’étiez pas bien ici ? — Si fait, très-bien ; mais que voulez-vous, Brigitte ? il faut fuir un ennemi auquel on ne peut faire face : il y a pour moi trop de danger à rester ici. » Brigitte le regardait avec attention et avec intérêt ; elle lui prit la main et lui dit, avec cet épanchement qui déborde d’un cœur plein jusqu’au bord :

« Tenez, monsieur, il faut que je vous parle ; vous paraissez un bon jeune homme,