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— LE NEVEU DE MOURAT-BEY. —

ne fait que resserrer sa pensée et fixer ses projets. Il va hasarder son sort, sa vie ; mais il s’en remet à la fortune, à cette fatalité, première croyance du Musulman.

« Les billets du sort, dit-il, sont tracés au hasard, et c’est le vent qui en dispose. Il n’y a que ma volonté et mon amour qui aient un point fixe dont rien ne peut les faire dévier. Osman, vois-tu ces monumens ? Vois-tu ces villes qui recevaient les tributs de cent nations ? Elles montraient leur splendeur. Le souverain s’enorgueillissait de sa force et de sa puissance… L’œil cherche en vain tant d’éclat et de grandeur… Il n’aperçoit que des ruines et de la poussière… La gloire, les richesses, le pouvoir, ne sont que de vains hochets qui ne peuvent donner le bonheur ; l’amour seul, de son souffle immortel, double la vie et rend tout le reste indigne de nos soins… «

Osman s’inclina, et, en vieux musulman.