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— UN MARIAGE. —

manquait pour répondre à un trait spirituel du comte, à une preuve d’affection de sa tante. Parlait-on des femmes qu’elle voyait le plus fréquemment dans le monde, de celles qu’elle appelait ses amies ? des épigrammes, qui deviendraient mordantes si on les répétait après elle, semblaient, en passant par sa bouche, prononcées avec son accent moëlleux, une gracieuse espièglerie d’enfant.

Cependant elle ne peut s’y tromper : le comte de Bresseval ne prend à ses saillies que l’intérêt exigé par la politesse. Tant de légèreté l’étourdit, mais ne l’éblouit pas. Madame d’Esnelle et lui échangent de temps à autre des réflexions profondes, des pensées graves, étrangères à l’esprit de madame de Golzan, qui finissent par éteindre son enjouement factice. Accoutumée à traiter tout sujet sur un ton frivole, elle affecte l’ennui dès qu’il faut mettre un peu de profondeur dans ses jugemens. On