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— LE LIVRE DES FEMMES. —

s’écrie Bellica ; mais elle a frémi ; une sueur froide a roidi ses membres. Une fosse venait d’être creusée par l’ermite au pied d’un énorme sapin, et, immobile, il se reposait appuyé sur le tronc résineux de l’arbre. Son œil étincelant de lumière ajoutait à ce que cette figure avait d’imposant.

À un quart de lieue environ de la grotte était un buisson de citronnier : c’était là, dans cette impénétrable retraite, que tant d’heures avaient volé rapidement entre le bonheur et l’espoir, la crainte et le désir. Bellica, certaine de n’y point rencontrer son amant, voulut faire un dernier adieu à ce témoin silencieux de tant de sermens d’amours.

Cette résolution lui rendit ses forces. « Dans une heure au plus, dit-elle au solitaire, avec cet air de décision qui ne veut pas être contredit, je serai à vos pieds, mon père, et le ciel seul connaîtra ma