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— LE LIVRE DES FEMMES. —

(c’était le nom de la courtisane) avait ordonné, elle s’était glissée furtivement parmi les spectateurs, espérant ne pas être reconnue : son émotion fut plus forte que sa volonté ; elle n’avait vu que le danger, Elvira ne vit que son triomphe ; et tandis que l’infortunée Bellica était sans vie, livrée aux soins d’un fidèle serviteur, don Celebès était aux pieds de la courtisane, au grand scandale du public, qui pardonnait difficilement à son intrépidité l’impudence avec laquelle il bravait l’opinion. Grenade avait retenti de cette histoire, qu’on eût craint de révéler à Bellica, tant chacun lui portait d’amour.

Elle se rendait seule un jour au rendez-vous commun ; un orage tel qu’il en éclate dans ces régions élevées où la nature paraît bouleversée, l’avait forcée à se réfugier dans une demeure qui semblait disputée aux rochers ; elle trembla en y entrant, et la vue d’un pieux solitaire, le