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— UN MARIAGE. —

ajouta-t-elle. Mais que je puisse voir le comte aujourd’hui, qu’il sache à quels dangers la moindre imprudence nous exposerait, et puis après ce sera le repos de la tombe, je ne lui parlerai plus ; mon regard restera muet pour lui, ainsi qu’il l’est pour tous.

» M. de Celnarre saura-t-il que je suis venue ici ? Je ne peux pas avoir été trahie, on a remis ma lettre… M. de Bresseval va paraître. » À cette espérance, la crainte faisait redoubler les battemens de son cœur dont les bondissemens, s’élevant avec effort dans sa poitrine, arrêtaient sa respiration. Est-ce bien elle qui se trouve à ce rendez-vous qu’elle a sollicité ? Une intention pure a dicté cette démarche : elle veut éloigner le péril qui menace son mari et le comte. Résolue à lui cacher les sentimens qu’elle partage trop bien, il ne recevra d’elle que la prière de fuir. Trahie une première fois par l’affection feinte de