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— UN MARIAGE. —

ment de malheur, la jeune femme écoutait au loin les sons funèbres et regardait autour d’elle avec inquiétude ; et, comme si elle eût été isolée par une influence magnétique, ses sens ne percevaient plus les objets qui la touchaient. Si elle attendait quelqu’un, son espoir était sans doute déçu : personne ne s’avançait vers elle. Les battemens redoublés de son cœur la forçaient à s’arrêter. L’anxiété de son regard se dévoilait toujours croissante à mesure que ses pas la rapprochaient de la terrasse vers laquelle on l’avait vue se diriger.

Les mendiantes la suivaient curieusement ; leurs visages hâves, leurs regards exprimaient la haine de l’envie. Belle, opulente, elle passait sans répondre à la prière du pauvre. Une des femmes, encouragée par sa compagne, éleva de nouveau la voix, non plus pour prier, mais dans l’intention de lui reprocher son bonheur.