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— UN MARIAGE. —

noble caractère ne saurait donner une interprétation offensante aux motifs qui me font recourir à sa merci. Ah ! puisse ce moyen nous sauver tous deux ! »

Alors Berthe se leva pour écrire ; mais, au moment d’allumer sa bougie, elle s’arrête : cette clarté éveillera le soupçon. La lune jette encore une faible lueur. S’approchant de la fenêtre, elle essaie de tracer quelques mots… Comment expliquer toute sa situation, éviter surtout que le comte puisse lui supposer un intérêt trop vif pour sa sûreté ?… Cependant cèdera-t-il à l’expression d’une crainte faite pour irriter le courage d’un homme d’honneur, si la femme qui le prie ne s’adresse pas à sa générosité ?… Le temps et les moyens lui manquent également pour éviter les écueils et parvenir au but qu’elle se propose, « Il faut le voir, » se dit Berthe, car le silence qu’elle a gardé avec tous lui ôte les moyens de recourir à une entremise étrangère.