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— LE LIVRE DES FEMMES. —

» Mais demain M. de Celnarre va m’interroger : que lui dirai-je ? mes lèvres profèreront-elles un mensonge ? Je ne le pourrais pas ; ma volonté même manquerait à mon courage, si je l’essayais, alors que ses yeux pénétrans interrogeront mes yeux. M’abaisserai-je jusqu’à la supplication ? implorerai-je ma grâce, lorsque je ne suis pas coupable ?… Puis-je en effet me croire innocente, si je regrette le sort qui m’est échappé ?… Que faire ?… arracher impitoyablement de mon cœur la première consolation qui l’ait touché ? Oh ! oui, oui, pour le défendre contre le danger qui est prêt à l’atteindre. Et si je m’adressais au comte lui-même, si je lui demandais d’éviter pour toujours de se rencontrer dans les mêmes lieux que moi, ou qu’il feigne de ne pas me voir, car jamais il ne doit plus me parler ?… Cette prière blessera les convenances, mais mon intention est pure, il le sentira : son