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— UN MARIAGE. —

raître M. de Celnarre d’une manière si imprévue dans cet oratoire, elle croyait être incessamment sous la même puissance invisible. Sa présence l’effrayait moins encore que l’idée d’être observée dans les secrets de sa retraite.

Cette nuit d’angoisses allait bientôt finir, et le lendemain, plus terrible peut-être, faire éclater l’orage qu’elle sentait amoncelé sur sa tête. N’était-il aucun moyen de le détourner ? « mon Dieu ! trembler ainsi ! et qu’ai-je fait pour mériter de pareilles inquiétudes ? Mais si ma conscience est pure, pourquoi ne dirais-je pas toute la vérité à M. de Celnarre lui-même ?… Ce serait désigner le comte à sa vengeance. Puisse-t-elle retomber tout entière sur moi avant de l’atteindre !… Et j’aurais pu être la compagne de sa vie ! Malheur, mille fois malheur sur le jour qui m’a fait élever une barrière entre sa volonté et la mienne !