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— UN MARIAGE. —

de ; ses lèvres étaient serrées, et cependant le sourire s’y révélait encore. Cette muette colère acheva d’accabler Berthe. Toutefois le silence était préférable à ses questions : le nom du comte, prononcé dans cet instant, les précipitait tous deux dans un inévitable danger. « Je suis perdue, » s’écria Berthe, lorsque ses mains défaillantes eurent fermé sa porte. Puis, effrayée des paroles qu’elle avait dites, elle regarda autour d’elle, recueillant au dedans jusqu’à l’expression de sa terreur. Elle ignorait à quel point M. de Celnarre avait étendu ses moyens de surveillance : il pouvait être là près d’elle, suivre tous ses mouvemens sans qu’il lui fût possible de le voir : ses yeux se fermèrent involontairement à cette idée.

Pressée de se dérober au supplice que sa crainte lui inflige, elle hâte ses préparatifs de sommeil, appelle ses femmes, se met au lit, et fait éteindre les lumières