ORDRES RELIGIEUX.
Àsieurs chœurs qui, se succédant les uns aux
ABYSSINS (Moines). Voy. Ermoriens. ACEMÈTES. Des moines acemètes, avec la vie de saint | Alexandre, leur fondateur.
Les moines acemètes ont eu pour fonda- teur saint Alexandre, que les historiens de l’ordre de saint Basile mellent au nombre des saints de cet-ordre; mais comme il avait élé moine dans uu monastère de Sÿrie, avant que d’avoir établi son institut, il se pourrait faire aussi qu'il aurait été de l'ordre de saint Antoine aussi bien que de celui de sainl Basile, Il naquit dans l’Asie mineure d'une famille noble, et après avoir éludié à Constantinople, il eut une charge dans le palais de l’empereur. Il reconnut bientôt la vanité du siècle, et la lecture de l’Ecriture sainte l'en dégoûta davantage, ce qui fit qu'il quitta son emploi, distribua son bien aux pauvres, et alla en Syrie où il embrassa la vie monastique sous l’abbé Elie, dont la réputation l'avait attiré pour étre l’un de ses disciples. Après avoir demeuré avec lui quatre ans, il se retira dans le désert où il demeura encore sept ans. 11 convertit Rab- bula, gouverneur d’une ville voisine, et plu- sieurs autres païens qui voulurent l'avoir pour évêque; et comme ils gardaient les portes de la ville, il se fit descendre la nuit par la muraille dans une corbeille, Rabbula étant converti, mit en liberté ses esclaves, donna ses biens aux pauvres, etse retira dans la solitude, d’où il fut tiré pour êlre évêque d'Edesse, métropole de la Mésopo- tamie. Sa femme se consacra à Dieu de son côté, et bâlit un monastère, où elle s’enferma avec ses filles el ses servantes, et y finit saintement ses jours.
Alexandre s'étant sauvé de la ville où on le voulait faire évêque, marcha deux jours dans le désert et s'arrêta dans un lieu qui servait de retraite à trente voleurs. Il de- manda à Dieu leur conversion, et sa prière -fut exautée, car leur chef fut le premier à se reconnailre, et mourut huit jours après avoir reçu le baptême. Les autres ayant suivi son exemple changèrent leur êaverné en un monastère el se mirent sous la con- duite d’un supérieur qu'Alexandreleur donna.
Les ayant quittés, il bâtit un monastère sur le bord de l’Euphrate, où il demanda à Dieu pendant trois jours d'y pouvoir établir une psalmodie conlinuelle . Sa communauté s’augmenta de telle sorte, qu'il eut jusqu’à quatre cents moines de différentes nations ; des Syriens naturels du pays, des Grecs, des Latins, des Egypliens, et il Les divisa en plu:
autres, célébraient continuellement l'office
- divin: ls observaient une exacte pauvrelé,
chacun n'avait qu'une tunique, ne se four- nissait de vivres que pour chaque jour, et s'il en restait on le donnait aux pauvres sans rien garder.pour le lendemain.
Après avoir demeuré vingt ans dans ce monastère sur l'Euphrate, il destina soixanté el dix de ses disciples pour aller prêcher la foi aux gentils. 1 en choisil cinquante pour Je suivre dans le désert, et laissa les autres dans le monastère sous la conduite de Tro- phime. Il fut ensuite à Antioche, où vingt ans auparavant, en #04, il s’était fortement opposé à l’intrusion de Porphire dans ce siége, qui était pour lors occupé par l’évêque Théodose. Ce prélat prévenu contre lui le fit chasser, le prenant apparemment pour être de la secte des cuchites on messalièns, à cause de la prière continuelle et da pays d’où il venait. Il reçut même un soufflet de la main d’un ecclésiastique nommé Malchus, qui par ordre de cet évêque était allé avec quelques autres pour le chasser de la ville, etil ne répondit à cet outrage que par ces paroles de l'Evangile : Or le nom de ce servè- teur éluit Malchus: Le peuple, qui le regar- dait comme un prophète, prit sa défense; mais il fallut céder à l'autorité du gouver- peur qui le relégua à Calcis avec ses disci- ples. S'étant déguisé en mendiant, il alla au monastèrenommé Christen, et fut bien élonné d'y trouver son inslitut de psalmodie perpé-
tuelle, qu'un de ses disciples y avait établi.
Enfin il quitta.la Syrie, et avec vingt da ses moines, il vint à Constantinople, où il fonda un monastère près de l'église de Saint: Ménne. En peu de temps il y eut jusqu'à trois cénts moines de diverses langues,” Grecs, Latins et Syriens, tous catholiques et dont plusieurs avaient demeuré dan d'aütres monastères. Il les divisa en sis chœurs qui chantaient l'office tour à tour, se succédant les uns aux autres ; de sorte que Dieu était loué dans ce monastère à toutes les heures du jour ct de la nuit. De là leur vint le nom d’Acémèles, qui signifie en grec des veillants, ou gens qui ne dorment point, parce qu'il y avait loujours une partic de la communauté qui veillait. .
Comme ils ne travaillaient point el n'a
aient point d'autres biens que leurs livres,
on admirait comment ils avaient pu subsis« ter : c’est pourquoi on les soupçonna d’être de la secte des Messaliens. Alexandre fu arrêté par deux fuis : on voalut l’obliger à interrompre sa psalmodie , on renvoya ses
