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tance qui semblait jusqu’à ce jour uniquement vouée à la vie apostolique et pénilente. La longue nomenclature des ouvrages que le P. Hélyot a pu consulter, la dissertaet

tion préliminaire, apprennent au lecteur ce que l’auteur a dû mettre de soins pour produire ce qu’il avait si sagement conçu. Il

l’exemple donné par.ces chrétiens dont parie Cassien (1), qui voulurent ranimer la ferveur allumée par les apôtres. De là nous sont venus ces hommes supérieurs qu’on ne savait point nommer, et que, dans l’impuissance de dire mieux, on appelait philosophes par excellence. De là sortirent ces prodiges de tous genres, qui Grent l’admiration des siècles de foi. Comment se fit-il, plus tard, que tant de vertus fussent méconnues, tant de services oubliés ! Comment cette philosophie sublime et pratique devint-elle l’objet des déclamations de l’incrédulitél Comment enfin, après avoir été en butte à l’ironie d’une philosophie moqueuse, en est-elle devenue tout à fait la victime 1 Cette ingratitude, cette injustice, ont produit des fruits qui durent encore. L’opinion de la génération nouvelle est égarée sur ce qui concerne les religieux ; elle les regarde comme .1’apanage des temps d’ignorance et voit leur vie comme une pieuse exagération. Il est

vrai que, dans la classe des hommes instruits, le temps de l’ironie est passé. On aurait mauvaise grâce aujourd’hui, comme

on mit mauvaise foi jadis, à ridiculiser les discussions sur le livre des Conformités, sur le costume des Franciscains, etc. Il y a bien encore parmi nous opposition quoi qu’en

aient dit ceux qui ont la simplicité d’exagérer ce qu’ils appellent mouvement religieux,

mourut avant que son œuvre fût achevée,

mais il eut la satisfaction de la voir au goût des hommes dont le suffrage lui était le plus flatteur ; et, plus que tous ceux qui l’avaient précédé dans la carrière, il a rendu sensible l’importance d’ajouter aux connaissances

historiques celle de l’établissement des ordres religieux ; et cela au point qu’une bibliothèque ecclésiastique reste incomplète si elle ne compte pas sur son catalogue l’ouvrage du- P. Hélyot. Ce qui contribuait largement à ce succès mérité, c’était cette sagacité que l’auteur avait mise à rejeter des fttbles qu’avaient débitées sur leur origine ou sur. leur établissement, non pas des ordres entiers, mais quelques zélateurs ir.réfléchis, tels qu’on en vit chez les Carmes, les Dominicains, les religieux de la Charité, etc. Hélyot a cherché à éclaircir quelques points qui touchent à la chronologie en général, et le sujet qu’il avait choisi était assez important, dans les annales de l’Eglise, pour que les savants auteurs de l’Art de vérifier les dates y trouvassent matière à une table de plus dans leur riche nomenclature de chro- mais on veut donner à cette opposition une nologies et de calendriers. Nous voyons avec couleur légale, et on s’étudie à trouver’dans surprise qu’ils ne l’aient pas fait. Une chro- le code un article qui pourrait atteindre nologie des ordres religieux telle qu’ils ceux qui vivent en communauté, quand il pouvaient la dresser, eût été peut-être aussi ne proscrit que les réunionspériodiques (2). On s’extasie à outrance quelquefois

utile pour l’histoire, aussi agréable au grand nombre des érudits, que la chronologie des sur les créations du moyen âge mais comMogols Genghizkhonides, que nous ne pré- ment ne sent-on point que les édifices gothiques n’étaient pas venus seuls sur la tendons pas pourtant blâmer.

terre, et que les cloîtres désolés dont on ad« S’il est vrai, a dit le plus illustre écrivain de l’époque, s’il est vrai, comme il se- mire les ruines, dont on maudit la destrucrait possible de le croire, qu’une chose’ soit tion, ne valaient certainement pas mieux poétiquement belle en raison de l’antiquité que les moines qu’ils abritaient ? Les amis de son origine, il faut convenir que la vie des arts ne sont pas seuls à gémir sur co monastique a quelques droits à notre admi- vandalisme ; les protestants eux-mêmes ne ration. Elle remonte jusqu’aux premiers conviennent-ils pas de ce qu’il y eut de faâges du monde. » Pour nous sans refuser natisme, d’impiété, disons pour eux de peu dc voir, avec-saint Jérôme, plus qu’une patriotique, à priver l’Europe de ces asiles image de la vie monastique dans Elie, dans ouverts à la piété, aux regrets et à l’étude ? les fils des prophètes, sur les rives du Jour- On les a vus numéroter les pierres des ardain ou sur les coteaux du Carmel ; mais cades, des piliers tronqués de nos vieux aussi sans remonter à des siècles si reculés, monuments catholiques, et transporter ces nous trouvons une époque assez belle four- témoins historiques au delà de la Manche nie aux premières pages de notre histoire pour y conserver des souvenirs par ces esdans l’apparition des Thérapeutes ( peut- sais de musées d’un genre nouveau. Plus être), offrant près du lac Mœris, en Egypte, souvent et partout on a vu l’artiste, après les premiers modèles des monastères, et dans avoir rêvé et gémi à l’ombre d’un reste de tance, d’être le point de départ des ambassadeurs catholiques conduits à la cour. L’étiquette prenait les ambassadeursdes puissances protestantes à l’hôtel de. la rue Itambouillet, près de Bercy.

(1) Coliat. 18, cap. 15.

(2) Ce n’est pas la bonne volonté qui manque Nous avons des lois dans le

«

royaume.

Si

elles

insuffisantes,

qu’on

de

sont

en demande nou9

(Préface

velles.

»

de

la

édition

5"

d’un Manuel qui

«

a fait beaucoup de bruit.) Un écrivain laïque, qui écrit et juge des matières, ecclésiastiques, a laissé

échapper de sa plume ces étranges expressions Les foules peuvent les prendre en dégoût

lorsqu’ils ne sont plus à la hauteur de leur mission, su séparer d’eux. Les moines alors ii om qu’un « parti à suivre, c’est d’obéir à l’autorité infaillible l’Eglise et à l’autorité fatale de l’opinion publique. Il ne faut jamais lutter avec ces deux forces divine et humaine, elles ont brisé toutes les ré« sistances. »Nous devons croire charitablement que ce personnage ne fait aucune allusion

et

de