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INTRODUCTION.


L’histoire des ordres religieux et militaires est une partie importante des annales de l’Eglise et même des divers Etats. Elle n’offre pas un attrait moins puissant à la piété du lecteur.

De tout temps on a prisé les écrits laissés par Rufin, Pallade et Théodoret.

Les écrivains les plus distingués ceux mêmes qui avaient consacré les plus belles pages à la défense de la foi, n’ont pas cru moins utile à l’Eglise de Dieu de faire connaître à la postérité les hommes qui avaient le mieux compris et pratiqué la perfection évangélique. Ainsi saint Athanase nous a laissé les actes de saint Antoine ; saint Jérôme, ceux du premier Ermite, de saint Hilarion et de saint Malc ; le moine Cyrille, les Vies de saint Euthyme et de saint Sabas. Les auteurs qui ont brillé dans ce genre de littérature sacrée en avaient trouvé l’usage établi ; Irenée, religieux de Scété, racontait à Jean Mosch comment, dans la Laure de l’abbé lui donnait à lire le recueil des actions des anciens.

L’Echelle-Sainte, de Jean Climaque, le Guide d’Anastase le Sinaïte, les institutions ascétiques de saint Dorothée, offrent le même genre d’intérêt. Rosweide et d’Andilli, à une époque assez récente, le P. Marin et Villefore

reconnaissance à Morigia, à Maurolic, à Middendorp, à Dufresne, aux PP. Crescenze et Beurier, etc., nous devons faire une mention spéciale des savants protestants qui, cédant à la force de la conviction et de la vérité, ont parlé favorablement de la vie monastique (2) et ont contribué à nous la faire connaitre, tels que le chevalier Marsham, Dodwold, Dugdalle et autres ; tel le laborieux Leibnitz, que nous affectons de nommer, car plusieurs ignorent que nous lui sommes redevables de renseignements sur quelques ordres ecclésiastiques et militaires qui, sans lui, restaient inconnus. Les moins initiés à cette branche d’érudition savent néanmoins combien on doit aux livres de Schoonebeck, d’Aubert Lemire et de l’abbé Hermant, etc. ; mais personne n’ignore de combien les a tous surpassés l’ouvrage colossal dont le premier volume parut en 1714. Cet ouvrage fut publié sous le voile de l'anonyme ; cependant on sut bientôt qu’il était du père Hippolyte, religieux de Picpus, plus connu dans le monde littéraire sous le nom d’Hélyot. Ce religieux, pour exécuter son œuvre, parcourut les monastères de France et d’Italie, se mit en rapport avec des savants dont les lumières, le goût et l’obligeance pouvaient lui être utiles, et dans sa reconnaissance il a nommé dom Mabillon, D. Thierri Ruinart, le conservateur de la Bibliothèque du roi, le P. Hardouin, du collége des jésuites, etc., etc. Ses recherches et ses renseignements précieux fore, plus récemment encore ont aussi fait connaître, l’histoire si édifiante des Pères du désert. Mais si cette agiographie spéciale a tant de charmes, si on trouve une élo— même de donner enfin l’Histoire quence si douce, si persuasive, dans l’éloge le mirent àreligieux et militaires, et des Conqu’ont fait de cette milice spirituelle, comme des ordres ils la présentent, saint Basile, saint Grégoire grégations séculières de l’un et de l’autre sexe de Nazianze, saint Chrysostome et saint Nil, qui ont paru jusqu’à présent, contenant leur qui en avaient l’expérience, il faut avouer ortgine, letcr fondation, leurs progrès, les évéqu’un intérêt bien supérieur encore est atta— nements les plus considérables qui y sont arriché à l’histoire de ces ordres divers qui font vés. histoire dont le long titre n’a rien d’exala gloire et la consolation de la religion chré— géré et se trouve justifié dans le cours de tienne. Nous pouvons dire avec vérité ce l’ouvrage. Elle fut donc accueillie avec emque disait avec ironie un auteur ennemi de pressement et surprise. On ne s’attendait cette profession « L’histoire monastique guère dans la classe des érudits à voir sortir premiers rangs dans celle de une publication si vaste, fruit d’une applica « tient un des religieux sont la plus tion souteiue pendant plusieurs années, et « l’Eglise, dont les épurée par une lumineuse critique ; on ne « sainte portion (1). » lls ont donc rendu un service réel à la s’attendait guère, disions-nous, à voir un si science ecclésiastique, ceux qui ont donné beau travail sortir d’une congrégation qui ne encore que d’un siècle, qui avait bien une application spéciale à la recherche de datait l’origine des diverses sociétés monasliques. donné l’édification au monde religieux par et religieuses qui sont dans l’Eglise de Dieu. sa fidélité à la réforme, mais qui n’avait presAinsi, en payant rapidement notre tribut de que rien donné à la littérature même sacrée[1], Ordres monastiques, Histoire (diatribe philosophique) extraite de tous tes auteurs gui ont conserué à la postérité ce qu’il y a de plus curieux daits ctiaque ordre. Berlin, 1751, 7 vol. in-12. (2) L’année dernière, la conférence d’histoire de l’université de Cambridge, conférence exclusivement compusée d’anglicans et de gradués de l’université, prenait un arrêté en ces termes La suppression des monastères par Henri VIII c a été un cruel malheur pour le pays, et les circons(1) Mousson

tances actuelles exigent impérieusement le rétablissement d’institutions analogues parmi nous. » Marsham n’avait pas autre pensée, quand, deux siècles auparavant, il écrivait Absque monachis, nos sane in historia patria semper essemus pueri (in Propylæo monast. Angl.).

  1. Un religieux de Picpus avait néanmoins publi6 un ouvrage important et remarqué sur les sciences exactes cette maison de Picpus devait à sa position topographique, plutôt, sans doute qu’à son impor-