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— Maman, pourquoi est-ce que je ne peux pas lire Zola ?

Les yeux gris, si malhabiles à mentir, me montraient leur perplexité :

— J’aime mieux, évidemment, que tu ne lises pas certains Zola…

— Alors, donne-moi ceux qui ne sont pas « certains » ?

Elle me donna La Faute de l’Abbé Mouret et le Docteur Pascal, et Germinal. Mais je voulus, blessée qu’on verrouillât, en défiance de moi, un coin de cette maison où les portes battaient, où les chats entraient la nuit, où la cave et le pot à beurre se vidaient mystérieusement — je voulus les autres. Je les eus. Si elle en garde, après, de la honte, une fille de quatorze ans n’a ni peine ni mérite à tromper des parents au cœur pur. Je m’en allai au jardin, avec mon premier livre dérobé. Une assez douceâtre histoire d’hérédité l’emplissait, mon Dieu, comme plusieurs autres Zola. La cousine robuste et bonne cédait son