Page:Colette - La maison de Claudine, 1922.djvu/64

Cette page n’a pas encore été corrigée

e Minet-Chéri, les gens ont d’autres chats à fouetter, dans la vie. Tous ces amoureux que tu vois dans les livres, ils n’ont donc jamais ni enfants à élever, ni jardin à soigner ? Minet-Chéri, je te fais juge : est-ce que vous m’avez jamais, toi et tes frères, entendue rabâcher autour de l’amour comme ces gens font dans les livres ? Et pourtant je pourrais réclamer voix au chapitre, je pense ; j’ai eu deux maris et quatre enfants !

Les tentants abîmes de la peur, ouverts dans maint roman, grouillaient suffisamment, si je m’y penchais, de fantômes classiquement blancs, de sorciers, d’ombres, d’animaux maléfiques, mais cet au-delà ne s’agrippait pas, pour monter jusqu’à moi, à mes tresses pendantes, contenus qu’ils étaient par quelques mots conjurateurs…

— Tu as lu cette histoire de fantôme, Minet-Chéri ? Comme c’est joli, n’est-ce pas ? Y a-t-il quelque chose de plus joli que cette page où le fantôme se promène à minuit, sous la lune, dans le cimetière ? Quand l’auteur dit, tu sa