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noyés de plume, ses pieds durs d’oiseau qui rendaient le son d’un pas humain. Le haut de ses ailes lui dessinait des épaules d’homme, et deux petites cornes de plumes, qu’il couchait ou relevait, tremblaient comme des graminées au souffle d’air de la lucarne. Il s’arrêta, se rengorgea tête en arrière, et toute la plume de son visage magnifique enfla autour d’un bec fin et de deux lacs d’or où se baigna la lune. Il fit volte-face, montra son dos tavelé de blanc et de jaune très clair. Il devait être âgé, solitaire et puissant. Il reprit sa marche de parade et l’interrompit pour une sorte de danse guerrière, des coups de tête à droite, à gauche, des demi-voltes féroces qui menaçaient sans doute le rat évadé. Il crut un moment sentir sa proie, et bouscula un squelette de fauteuil comme il eût fait d’une brindille morte. Il sauta de fureur, retomba, râpa le plancher de sa queue étalée. Il avait des manières de maître, une majesté d’enchanteur…

Il devina sans doute notre présence, car il se