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queue de la Noire fouette et se tord comme un serpent coupé : il s’élance, la capture, la mordille, et reçoit une demi-douzaine de mornifles, sèches et griffues, à le défigurer… Mais Beaugarçon, déchu du rang de mâle, ignore tout du protocole amoureux, et redescend à l’équité pure. Injustement battu, il ne prend que le temps de gonfler ses poumons et de reculer d’un pas, avant d’administrer à la Noire une correction telle qu’elle en suffoque, râle de rage et saute le mur pour cacher sa honte dans le jardin voisin.

Et comme j’allais courir, craignant la fureur des matous, au secours de Beaugarçon, je vis qu’il faisait retraite avec lenteur, majesté et inconscience, parmi les rayés immobiles, silencieux, et pour la première fois déférents devant l’eunuque qui avait osé battre la reine.