Page:Colette - La maison de Claudine, 1922.djvu/241

Cette page n’a pas encore été corrigée

de menthe, et la large joue velue qu’on voit au tigre.

Elle, mon Dieu, c’est la Noire. Une Noire pareille à cent autres Noires, mince, bien vernissée, la mouche blanche au poitrail et la prunelle en or pur. Nous l’avons nommée la Noire parce qu’elle est noire, de même la chatte grise s’appelle Chatte-Grise et la plus jeune des bleues de Perse Jeune-Bleue. Nous n’avons pas risqué la méningite.

Janvier, mois des amours félines, pare les chats d’Auteuil de leur plus belle robe et racole, pour nos trois chattes, une trentaine de matous. Le jardin s’emplit de leurs palabres interminables, de leurs batailles, et de leur odeur de buis vert. La Noire seule marque qu’ils l’intéressent. C’est trop tôt pour Jeune-Bleue et Chatte-Grise, qui contemplent de haut la démence des mâles. La Noire, pour l’heure, se tient mal, et ne va pas plus loin. Elle choisit longuement dans le jardin une branche taillée en biseau, élaguée de l’an dernie