Page:Colette - La maison de Claudine, 1922.djvu/230

Cette page n’a pas encore été corrigée

bosquet, un rossignol dont la voix, au printemps, illumine les nuits. Au-dessus de ma tête, il étudie ce matin le chant qu’il oublie tous les ans. Il recommence et recommence sa gamme chromatique imparfaite, l’interrompt par une sorte de rire enroué, mais déjà dans quelques notes tinte le cristal d’une nuit de mai, et, si je ferme les yeux, j’appelle malgré moi, sous ce chant, le parfum qui descend lourdement des acacias en fleur…

Mais où est ma chienne ? Je longe une palissade en lattes de châtaignier, je franchis des fils de fer tendus à ras de terre, puis je bute contre une clôture de châtaignier, au bout de laquelle m’attend un fil de fer tendu à ras de terre. Quelle sollicitude perverse multiplie, pour décourager l’amateur de paysage et rompre les os du promeneur, palissades et fils, les uns et les autres nuisibles ? Je rebrousse chemin, lasse de longer, après des fortifications, une palissade de châtaignier qui défend, je le jure, une seconde palissade, servant elle-même de rempart, un peu plus loin, à un grillage