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nce, sans doute. Elle s’appelle Bâ- Tou, ce qui veut dire « le chat », et elle a vingt mois.

Je l’emportai ; cependant elle mordait sa caisse de voyage et glissait, entre les lattes de la prise d’air, une patte tantôt épanouie et tantôt refermée, comme une sensible fleur marine.

Je n’avais jamais possédé, dans ma maison, une créature aussi naturelle. La vie quotidienne me la révéla intacte, préservée encore de toute atteinte civilisatrice. Le chien gâté calcule et ment, le chat dissimule et simule. Bâ-Tou ne cachait rien. Toute saine et fleurant bon, l’haleine fraîche, je pourrais écrire qu’elle se comportait en enfant candide, s’il y avait des enfants candides. La première fois qu’elle se mit à jouer avec moi, elle me saisit fortement la jambe pour me renverser. Je l’interpellai avec rudesse, elle me lâcha, attendit, et recommença. Je m’assis par terre et lui envoyai mon poing sur son beau nez velouté. Surprise, elle m’interrogea du regard, je lui souris et lui grattai la tête. Elle s’effondra sur le flanc, sonore d’un