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ras, que les éleveurs estiment « un sujet bien typé », les dames sensibles « merveille », qui s’appelle officiellement Pati-Pati, plus connue dans mon entourage sous le nom de « démon familier ».

Elle a deux ans, la gaieté d’un négrillon, l’endurance d’un champion pédestre. Au bois, Pati-Pati devance la bicyclette ; elle se range, à la campagne, dans l’ombre de la charrette, tout le long d’un bon nombre de kilomètres.

Au retour, elle traque encore le lézard sur la dalle chaude…

— Mais tu n’es donc jamais fatiguée, Pati-Pati ?

Elle rit comme une tabatière :

— Jamais ! Mais quand je dors, c’est pour une nuit entière, couchée sur le même flanc. Je n’ai jamais été malade, je n’ai jamais sali un tapis, je n’ai jamais vomi, je suis légère, libre de tout péché, nette comme un lys…

C’est vrai. Elle meurt de faim ponctuellement