Page:Colette - La maison de Claudine, 1922.djvu/211

Cette page n’a pas encore été corrigée

Pati-Pati gonfle ses joues de poisson-lune, pousse ses yeux hors des orbites, élargit son poitrail en bouclier, et profère à demi-voix quelque chose comme :

— Gou-gou-gou…

Puis elle rengorge son cou de lutteur, sourit, attend les applaudissements, et ajoute, modeste :

— Oa.

Si l’auditoire pâme, Pati-Pati, dédaignant le bis, le comble en modulant une série de sons où chacun peut reconnaître le coryza du phoque, la grenouille roucoulant sous l’averse d’été, parfois le klaxon, mais jamais l’aboiement du chien.

À présent, elle échange, avec un dîneur inconnu, une mimique de Célimène :

— Viens, dit l’inconnu, sans paroles.

— Pour qui me prenez-vous ? réplique Pati-Pati. Causons, si vous voulez. Je n’irai pas plus loin.

— J’ai du sucre dans ma soucoupe.

— Croyez-vous que je ne l’aie