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ien contente, je suppose ! Qu’est-ce que tu ferais donc, à sa place ?

Les yeux gris de ma mère me cherchèrent, me couvèrent âprement :

— Ce que je ferais ? Je dirais à ma fille : « Emporte ton faix, ma fille, non pas loin de moi, mais loin de cet homme, et ne le revois plus ! Ou bien, si la vilaine envie t’en tient encore, retrouve-le la nuit, dans le pavillon. Cache-le, ton plaisir honteux. Mais ne laisse pas cet homme, au grand jour, passer le seuil de la maison, car il a été capable de te prendre dans l’ombre, sous les fenêtres de tes parents endormis. Pécher et t’en mordre les doigts, pécher, puis chasser l’indigne, ce n’est pas la honte irréparable. Ton malheur commence au moment où tu acceptes d’être la femme d’un malhonnête homme, ta faute est d’espérer qu’il peut te rendre un foyer, l’homme qui ta détournée du tien ».