Page:Colette - La maison de Claudine, 1922.djvu/184

Cette page n’a pas encore été corrigée

désastreux, un feuillet météorologique où s’annonçaient l’adultère de demain, la ruine de la semaine prochaine, la maladie inexorable… Un feu généreux allumait alors ses yeux jaunes, une malignité enthousiaste et sans objet la soulevait, et je me retenais de crier : « Encore ! encore ! »

Elle baissait parfois la voix en ma présence. Plus beau de n’être qu’à demi compris, le potin mystérieux durait plusieurs jours, attisé savamment, puis étouffé d’un coup. Je me souviens particulièrement de « l’histoire Bonnarjaud »…

Barons de fantaisie ou noblesse campagnarde, M. et Mme de Bonnarjaud habitaient pauvrement un petit château autour duquel les terres domaniales, vendues lopin à lopin, se réduisaient au parc, clos de murs. Pas de fortune et trois filles à marier. « Ces demoiselles de Bonnarjaud » montraient à la messe des robes révélatrices. Marierait-on jamais ces demoiselles de Bonnarjaud ?…

— Sido ? devine ce qui arrive ! s