Page:Colette - La maison de Claudine, 1922.djvu/178

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Qu’en savez-vous, monsieur le curé, si je prie ou non ? Je ne sais pas le Pater, c’est vrai. Ce n’est pas long à apprendre ? Ni à oublier, j’aurais bientôt fait… Mais j’ai à la messe, quand vous nous obligez à nous mettre à genoux, deux ou trois moments bien tranquilles, pour songer à mes affaires… Je me dis que la petite n’a pas bonne mine, que je lui ferai monter une bouteille de Château Larose pour qu’elle ne prenne pas les pâles couleurs… Que chez les malheureux Pluvier un enfant va encore venir au monde sans langes, ni brassières, si je ne m’en mêle pas… Que demain c’est la lessive à la maison et que je dois me lever à quatre heures…

Il l’arrêtait en étendant sa main tannée de jardinier :

— Ça me suffit bien, ça me suffit bien… Je vous compte le tout pour une oraison.

Pendant la messe, elle lisait dans un livre de cuir noir, frappé d’une croix sur les deux plats ; elle s’y absorbait même avec une piété qui semblait