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rbrée d’un rouge pauvre après le repas de midi. La figure, longue, toujours sans barbe, mais toujours mal rasée. Une grande bouche, nouée serré, laide. Un nez long, un nez avide, plus gras que tout le visage, et des yeux… Je ne les ai vus qu’une fois, car ils regardaient d’habitude la terre et s’abritaient en outre sous un canotier de paille noire, trop petit pour le crâne de Voussard et posé en avant sur son front comme les chapeaux que portaient les femmes sous le second Empire, pendant la mode du chignon Benoiton.

À l’heure du pousse-café et de la cigarette, Voussard, qui se passait de tabac et de café, prenait l’air à deux pas de son étude, sur un des deux bancs de pierre qui doivent flanquer encore la maison de Mme Lachassagne. Il y revenait vers quatre heures, à l’heure où le reste du village goûtait. Le banc de gauche usait les culottes des deux clercs de Me Defert. Le banc de droite branlait, par beau temps, aux mêmes heures, sous une brochette de petites filles déjà grandes, serrées et remuantes