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serrée dans un ruban à boucle, blottie sous son grand chapeau de paille comme un chat guetteur. On me revit à la cuisine et les mains dans la pâte à galettes, au jardin le pied sur la bêche, et je courus en promenade, autour des deux amis bras sur bras, ainsi qu’une gardienne gracieuse et fidèle. Quelles chaudes vacances, si émues et si pures…

C’est en écoutant causer les deux jeunes gens que j’appris le mariage, encore assez lointain, de Maurice. Un jour que nous étions seuls au jardin, je m’enhardis jusqu’à lui demander le portrait de sa fiancée. Il me le tendit : une jeune fille souriante, jolie, extrêmement coiffée, enguirlandée de mille ruches de dentelle.

— Oh ! dis-je maladroitement, la belle robe !

Il rit si franchement que je ne m’excusai pas.

— Et qu’allez-vous faire, quand vous serez marié ?

Il cessa de rire et me regarda.

— Comment, ce que je vais faire ? Mais je suis déjà presque avocat, tu sais !