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ne parla de hasard providentiel, ni de la protection mystérieuse étendue sur leurs deux têtes. Mais quand vinrent les grandes vacances, pour la première fois Maurice — admettez qu’il s’appelait Maurice — accompagna mon frère et vint passer deux mois chez nous.

J’étais alors une petite fille assez grande, treize ans environ.

Il vint donc, ce Maurice que j’admirais en aveugle, sur la foi de l’amitié que lui portait mon frère. En deux ans, j’avais appris que Maurice faisait son droit — pour moi, c’était un peu comme si on m’eût dit qu’il « faisait le beau » debout sur ses pattes de derrière — qu’il adorait, autant que mon frère, la musique, qu’il ressemblait au baryton Taskin avec des moustaches et une très petite barbe en pointe, que ses riches parents vendaient en gros des produits chimiques et ne gagnaient pas moins de cinquante mille francs par an — on voit que je parle d’un temps lointain.

Il vint, et ma mère s’écria tout de s