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une merveille… » Quand le Parisien en serge blanche invita la petite Bouilloux à valser, elle se leva sans étonnement, et dansa muette, sérieuse ; ses cils, plus beaux qu’un regard, touchaient, parfois, le pinceau d’une moustache blonde.

Après la valse, les Parisiens s’en allèrent, et Nana Bouilloux s’assit à la buvette en s’éventant. Le fils Leriche l’y vint chercher, et Houette, et même Honce, le pharmacien, et même Possy, l’ébéniste, grisonnant, mais fin danseur. À tous, elle répondit : « Merci bien, je suis fatiguée », et elle quitta le bal à dix heures et demie.

Et puis, il n’arriva plus rien à la petite Bouilloux. Les Parisiens ne revinrent pas, ni ceux-là, ni d’autres. Houette, Honce, le fils Leriche, les commis voyageurs au ventre barré d’or, les soldats permissionnaires et les clercs d’huissier gravirent en vain notre rue escarpée, aux heures où descendait l’ouvrière bien coiffée, qui passait raide avec un signe de tête. Ils l’espérèrent aux bals, où elle but de la limonade d’un air distingué et