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battre les cils démesurés sur l’humide et vaste prunelle sombre, les dents briller sous une lèvre sans pareille, et laissait partir l’enfant, qu’elle suivait des yeux, en soupirant :

— C’est prodigieux !…

Quelques années passèrent, ajoutant des grâces à la petite Bouilloux. Il y eut des dates que notre admiration commémorait : une distribution de prix où la petite Bouilloux, timide et récitant tout bas une fable inintelligible, resplendit sous ses larmes comme une pêche sous l’averse… La première communion de la petite Bouilloux fit scandale : elle alla boire chopine après les vêpres, avec son père, le scieur de long, au café du Commerce, et dansa le soir, féminine déjà et coquette, balancée sur ses souliers blancs, au bal public.

D’un air orgueilleux, auquel elle nous avait habituées, elle nous avertit après, à l’école, qu’elle entrait en apprentissage.

— Ah !… Chez qui ?

— Chez Mme Adolphe.