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rouge qui me fait mal dans la tête, depuis… Non, nous ne rencontrerons personne… Je ne connais d’ailleurs personne dans ce pays. C’est à cause de ce petit point rouge… et du baiser… Catulle… Je ne connais personne ici. Devant tous, je le déclare bien haut, c’est vous seul, Catulle…

Ma sœur cessa de parler, se plaignit d’une manière aigre et intolérante, se tourna vers le mur et continua de se plaindre beaucoup plus bas, comme de très loin. Une de ses tresses barrait son visage, brillante, ronde, gorgée de vie. Ma mère, immobile, avait penché la tête pour mieux entendre et regardait, avec une sorte d’horreur, cette étrangère qui n’appelait à elle, dans son délire, que des inconnus. Puis elle regarda autour d’elle, m’aperçut, m’ordonna précipitamment :

— Va t’en en bas…

Et, comme saisie de honte, elle cacha son visage dans ses deux mains.