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de sanglante aventure. Une bougie consumée témoignait de sa longue veille. Le papier de la chambre, gris de perle à bleuets, portait les traces, près du lit, des allumettes qu’y frottait la nuit, avec une brutalité insouciante, ma sœur aux longs cheveux. Sa chemise de nuit chaste, manches longues et petit col rabattu, ne laissait voir qu’une tête singulière, d’une laideur attrayante, à pommettes hautes, à bouche sarcastique de jolie Kalmoucke. Les épais sourcils mobiles remuaient comme deux chenilles soyeuses, et le front réduit, la nuque, les oreilles, tout ce qui était chair blanche, un peu anémique, semblait condamné d’avance à l’envahissement des cheveux.

Ils étaient si anormaux en longueur, en force et en nombre, les cheveux de Juliette, que je ne les ai jamais vus inspirer, comme ils le méritaient pourtant, l’admiration ni la jalousie. Ma mère parlait d’eux comme d’un mal inguérissable. « Ah ! mon Dieu, il faut que j’aille peigner Juliette », soupirait-elle. Les jours de congé, à dix heures, je