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pourra organiser en procession la sainte théorie d’un peuple plus nombreux. Tout de même, le long du chemin, d’autres chrétiens se joignirent à nous, de sorte que, au total, nous formâmes bientôt le nombre assez respectable, mais encore modeste de 17.

La température fut d’abord incertaine. De gros nuages avaient jusque là voyagé au-dessus de nos têtes, d’un air affairé et quelque peu sinistre, comme s’ils eussent tramé quelque manœuvre pour faire échec à notre pieux projet. Peu à peu, cependant, sans doute à cause d’une courte prière faite à l’église avant le départ, ils s’assagirent et s’esquivèrent presque totalement, laissant trouées libres aux blonds et doux rayons du soleil d’automne.

Le cimetière est situé tout à fait en dehors de la ville, dans les montagnes. Il faut donc faire une assez longue ascension avant d’y atteindre. Comme c’était en automne, on devine un peu le paysage : ces champs moissonnés, vides et déserts, puis cette verdure de la montagne, sans fraicheur, et sans vie, non pas toutefois sans variété ni réelle beauté, à cause des mille nuances de couleurs vertes, brunes et rouges, dont sont teintes les rares feuilles des arbres : le tout respirant une profonde mélancolie qui envahit l’âme et la fait rêver.

Enfin, nous aperçûmes les premières pierres tombales du cimetière, au milieu duquel la mission possède un petit lopin de terre pour ses morts. Les sépulcres païens sont à peu près sans ornements et sans art. Les plus grands, par conséquent les plus dispendieux, ne comportent qu’un bloc de pierre, portant l’inscription. Ce bloc, plus long que large, est placé sur un piédestal peu élevé et entouré de quelques lanternes de pierre. Les