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À NADAIBU


Il y a quelque temps, je suis allé faire une promenade sur le chemin qui va d’Asahigawa à Sapporo. J’étais accompagné de deux japonais chrétiens, et nous avions comme destination Naidaibu, un des villages circonvoisins d’Asahigawa. Il faisait une chaleur écrasante ; mais la route était si belle et l’air de la campagne si bon ; que l’on oubliait presque la fatigue de la marche ; et puis, la nature environnante nous offrait assez de charmes pour nous distraire amplement.

En sortant de la ville, nous longeâmes d’abord d’immenses rizières. En tout temps, ces rizières, avec leurs carrés réguliers construits sur un niveau différent les uns des autres, avec leurs larges et profonds canaux d’irrigation de distance en distance, ne manquent pas d’une certaine beauté. Mais à cette époque, les épis avaient atteint assez de hauteur pour cacher le fond de la rizière, où l’eau, utilisée pour cette culture, demeure en permanence. De là un coup d’œil plus agréable. Au printemps, alors que le riz était à peine planté, on eût dit un lac, ou plutôt un marais à perte de vue ; mais ce jour-là, le même plant de riz, devenu grand et restant absolument uni comme le fond de la rizière, présentait le spectacle de la plus luxuriante fécondité, joint à celui de l’ordre, de la symétrie.

Après une heure de marche environ, le panorama