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n’est pas si scrupuleux que le temple, ou plutôt il est plus grossier dans sa perfidie : il est bien au milieu du village ; du moins il a la facile obligeance de se placer à proximité des groupements les plus serrés. Presque chaque village a son théâtre ; et c’est là que, le cinémat, déjà connu ici, donne à un auditoire toujours nombreux l’enseignement que l’on sait.

Qu’il y a loin d’ici au spectacle du village canadien ! Ici encore les rôles sont renversés. Au milieu du troupeau, il n’y a de pasteur qu’un loup déguisé. Ce n’est plus la poule qui cache avec soin ses petits, sous ses ailes, c’est un vautour qui dévore avidement des œufs abandonnés.

Oh que c’est triste un village païen !… La nature y est morne, silencieuse, rêveuse ! On dirait qu’elle pleure ! Et le peuple, lui, est sans idéal, sans principes, sans convictions, ignorant, insouciant, terre à terre. Il vit sans savoir d’où il vient et où il va. Il mange, il boit, il dort, il engendre, il travaille, et c’est tout. Mais les brutes n’en font-elles pas autant ?

Oh ! Quand donc verrons-nous au-dessus de chaque village japonais une longue flèche argentée, avec des maisons jolies et proprettes tout autour, respirant l’honnête aisance, que procure ordinairement la pratique fidèle des vertus chrétiennes ?…