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bizarre ; c’est une espèce de roulette garnie tout autour de fanons de papier et traversée par une longue pique, qui la tient ainsi fixée à une assez grande hauteur. Chaque pompier porte son crochet à long manche, et tous traînent ensemble une longue échelle. En outre, depuis quelques années, les pompiers de presque chaque brigade possèdent une pompe à incendie. Mais ils sont encore assez inhabiles à la faire fonctionner vite et bien. Ils ont aussi un costume particulier, avec un grand capuchon, dont ils se couvrent la tête quand ils travaillent tout près du feu. En somme, l’aspect d’une brigade de pompiers japonais est vraiment curieux : on dirait une bande de diablotins qui s’en vont mener un charivari quelque part.

Le jour de parade, les pompiers font des exercices depuis le matin jusqu’au soir. Ils courent par les rues de la ville, et, de place en place, donnent le spectacle de leur adresse. Ensuite, ils passent par les maisons, devant lesquelles ils ont fait leur parade, et présentent une carte, sur laquelle sont imprimés les souhaits du jour de l’an. C’est une manière de demander une rétribution. Tout le monde comprend ce procédé ; et ceux qui ne le comprennent pas ont l’occasion de s’en souvenir plus tard, quand ils veulent expliquer le retard et la mauvaise volonté des pompiers à venir les secourir dans le besoin.

Quant à cette parade, c’est très simple, et toujours la même chose d’année en année. La bande s’en va au pas de course par les rues, s’avançant à la file indienne et portant sur l’épaule la longue échelle. Tout à coup, sur un ordre du chef, les pompiers s’arrêtent. Aussitôt l’échelle est dressée au milieu de la rue et immobilisée,