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nous soulager de la chaleur torride, dont nous étions écrasés durant le jour, nous entendons surtout le vacarme des enfants revenus de l’école.

Ce bruit, tout de même, n’est pas toujours aussi désagréable qu’on peut le penser. Les jeux des enfants, ici, sont très variés et très gentils. Les chants des petites filles jouant à la balle surtout ont quelque chose de très gracieux.

Plus tard, quand le soleil est couché et que tout est à peu près noir dans les rues — l’éclairage des rues des villes aux frais des municipalités n’est pas encore très répandu au Japon, — on entend encore des chansons, chansons très mélancoliques, comme la plupart des chansons japonaises. Elles sont chantées par des flâneurs qui retournent chez eux, la jambe traînante. Quelquefois aussi elles sont exécutées par un amateur ou un professionnel qui donne une leçon publique dans une maison voisine.

Vers ce temps aussi on entend souvent le son des violons ou celui de la flûte. Le violon japonais, est une importation de l’étranger. Les Japonais paraissent bien aimer cet instrument, mais peu savent le manier avec une âme d’artiste. Cependant, le soir, quelques amateurs, en groupe de deux ou trois, se promènent en jouant de leur mieux quelques airs de leur répertoire.

Les Japonais jouent mieux la flûte du pays. La flûte japonaise, fabriquée avec du bambou, a un son merveilleusement doux, riche et pur. Elle rend tous les jeux de la voix, avec une précision et une sonorité parfaites. Elle rend aussi les vibrations de l’âme, avec une sensibilité exquise et prenante. Elle est, semble-t-il, le meilleur interprète de l’âme japonaise, si riche au