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pal moyen pour cet homme de faire de la réclame.

Voici maintenant des chants, ceux des travailleurs. Les Japonais chantent beaucoup en travaillant, et très souvent, à l’unisson, quand, par exemple, ils ont à soulever de lourds fardeaux. On appelle ces chansons : kiyari no uta. Ces chansons ne sont pas bien longues, ni très variées : ce ne sont que quelques mots prononcés sur un air quelconque, mais qui servent pour ainsi dire de mot d’ordre, afin d’unir les forces de tous, pour soulever les fardeaux plus aisément. Les femmes aussi ont de ces chansons, principalement le groupe de celles qui travaillent aux fondations d’une maison ou de quelque autre édifice. Au Japon, en effet, les femmes font presque les mêmes travaux que les hommes ; et la pose des fondations d’un édifice est, semble-t-il, leur monopole. Au moyen d’un gros marteau pilon en bois, qu’elles soulèvent verticalement avec des cordes passant dans des poulies et qu’elles laissent ensuite retomber lourdement, elles enfoncent dans le sol les pierres de fondations. Or, pendant ce travail, elles chantent continuellement sur le même air diverses paroles que l’une d’elles, chef de la bande, improvise à mesure et entonne avec vigueur. Quelquefois paraît-il, ces chants sont très mauvais, car ces femmes sont d’ordinaire des personnes de bas étage et de vile éducation.

La soirée est naturellement beaucoup plus paisible que le jour ; tout de même, ce n’est pas encore le silence complet. À l’heure où le soleil se prépare à quitter l’horizon et permet à une brise fraîche de venir un peu