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d’aucuns, jaloux de chaste précision, tiendraient peut-être, non sans raison, à qualifier de « paraneige » ou de quelque nom équivalent.

Sur la rue, il y a aussi des stationnaires. On les voit surtout aux carrefours très fréquentés. Ce sont de petits marchands de fruits, de biscuits, de bijouteries, de joujoux ou d’objets rares, soi-disant précieux. La plupart du temps, ces gens-là sont de fins filous qui trompent très habilement les curieux trop stupides et leur escroquent très poliment leur argent. Il y a parmi eux des hommes et des femmes. Ils s’installent en ces endroits, quelque mauvais temps qu’il fasse, et attendent patiemment les acheteurs, en se chauffant les doigts au-dessus d’une petite chaufferette placée à côté d’eux. Les femmes y ont même avec elles leurs bébés, qu’elles allaitent publiquement sans le moindre scrupule.

Sur la rue, il y a encore une multitude d’enfants. Il va sans dire que ces enfants s’amusent et jouent comme partout ailleurs. Ils glissent sur de petits traîneaux ou sur leurs petites pelles. Quelques-uns, montés sur des patins tout à fait primitifs, patinent, non sur la glace, mais sur la neige. Ce qu’il y a d’étonnant, c’est que ces enfants sont, eux aussi, à demi-vêtus. Presque toujours nu-tête, et souvent nu-pieds sur leurs petites ashida, ils s’amusent gaiement ; ils pleurent et quelquefois crient, mais se consolent vite, reprennent leurs jeux et ne paraissent pas souffrir.

Quels Japonais ! La rude vie que la leur ! Assurément, soit au foyer, soit sur la rue, ils donnent à nos